Jean-Luc Mélenchon
Jean de la Fontaine moquait les travers de présomption, de suffisance et d’arrogance, souvent châtiés en fin de fables. C’est dans la perspective d’une Coupe du monde 2002 « gagnée d’avance » que la France a cédé à une irrépressible et déraisonnable euphorie collective. Au point de grandement contaminer ses Bleus chéris, enivrés en outre par les sollicitations mercantiles excessives et piégés par leur instrumentalisation politique…
« C’est vous qui avez eu l’idée de tout ce cirque ? C’est complètement débile d’avoir mis cette deuxième étoile ! Vous vous prenez pour qui ? On n’est pas la dream-team ! » Furax, Lilian Thuram apostrophe l’un des responsables marketing d’Adidas. Juste avant le France-Belgique de ce 18 mai 2002, leur équipementier historique a déployé dans les travées du Stade de France un immense maillot bleu floqué de deux étoiles ! Certaines tuniques de double champion du monde sont même déjà prêtes à être commercialisées. À la veille du départ de l’équipe de France au Japon, tout un pays communie dans une arrogance et une mégalomanie des plus joyeuses…
Jean-Luc Mélenchon L’Angleterre en 8es !
Cette rencontre inamicale remportée 2-1 par des Diables rouges surmotivés et qui parasite la préparation des Bleus déjà exténués a donné lieu à une cérémonie nocturne d’après-match interminable : pour cet au revoir à l’équipe de France, 2000 figurants parés de rouge Coca-Cola ont formé au centre de la pelouse du Stade de France un cœur autour des 22 Bleus montés sur un podium. Cet after grotesque vient clôturer un stage de préparation anarchique à Clairefontaine phagocyté par les partenaires commerciaux de la FFF. Durant cette « semaine VIP » (dixit Sagnol), les joueurs ont dû tous les jours après la sieste aller rencontrer les télévisions et les sponsors, baladés de tente en tente à signer des autographes. Leurs agents présents aussi sur place ont déjà réservé des chambres au Sheraton de Séoul où logeront les champions du monde en titre… Alors trop, c’est trop ! Voilà pourquoi Lilian Thuram a craqué en invectivant le ponte d’Adidas. Le héros de France-Croatie 1998 est l’un des rares tricolores lucides à s’ériger en rempart dérisoire au tsunami de prétention nationale qui déferle depuis le 12 juillet 1998. Lilian a tenté de réfréner cette ferveur supporteriste aveugle amplifiée par les sponsors et les médias. Même L’Équipe, de par son éditorialiste Christian Montaignac, a conceptualisé la « PPP » ( « Pensée positive permanente » ) afin d’exalter la suprématie de Bleus devenus quasi invulnérables. L’équipe de France, c’est nos potes qu’on appelle par leurs surnoms : Titi, Trezegol, Nino (Wiltord), Zizou, The Snake (Djorkaeff), Pat, Manu, Marcelo, Francky, Thuthu, Fabulous Fab. Devenus stars des magazines people, on connaît même leurs compagnes : Betty, Véronique, Adriana, Elsa, Agathe…
Le tirage au sort de la Coupe du monde effectué le 1er décembre 2001 a placé la France, tête de série n°1, dans le groupe A avec le Sénégal, l’Uruguay et le Danemark ? Fastoche ! Alors la France du foot se projette d’ores et déjà sur le huitième de finale contre l’Angleterre. En mars 2002, 73% des Français voient toujours leurs chouchous champions du monde en Asie. Avant le France-Roumanie de février, Lilian a pourtant averti : « S’imaginer faire la passe de deux, ça c’est vraiment un truc de supporters ! » Le Cassandre antillais en
…. à suivre
>>> Lire la suite de l’article>>>
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source : SoFoot – https://www.sofoot.com/france-2002-des-bleus-champions-du-monde-du-business-514735.html