Emmanuel Macron
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- Pour comprendre
Emmanuel Macron a déclaré vouloir instaurer des « prix planchers » pour les produits agricoles. Initialement promu par la Confédération paysanne, ce concept est loin de faire l’unanimité.
Samedi 24 février, à l’occasion de l’inauguration du Salon de l’agriculture, le président Emmanuel Macron a affirmé la volonté d’établir « des prix planchers qui permettront de protéger le revenu agricole et de ne pas céder à toutes les pratiques les plus prédatrices qui aujourd’hui sacrifient nos agriculteurs et leurs revenus ».
Cette revendication était jusque-là défendue par la Confédération paysanne et récemment reprise par la France insoumise (LFI) dans une proposition de loi à laquelle la majorité s’était opposée. Pourquoi un tel revirement ? Quel est l’intérêt et quels sont les risques de ce mécanisme, dont les contours restent flous ?
Quel est le principe des prix planchers agricoles ?
L’objectif des « prix planchers » défendus par le président de la République est d’imposer un prix minimum à la vente pour certains ou tous les produits agricoles, afin de garantir un revenu correct aux agriculteurs.
Ce point de vue est défendu de longue date par la Confédération paysanne, syndicat défenseur d’une « agriculture paysanne respectueuse de l’environnement, de l’emploi agricole et de la qualité des produits ». En plus du prix plancher, sa secrétaire générale, Véronique Marchesseau, réclame aussi l’instauration de prix minimums d’entrée équivalents sur le territoire national afin d’éviter d’importer des produits moins chers de l’étranger – et ajoute qu’il faudrait une mesure semblable à l’échelle de l’Union européenne.
Dans la pratique, le syndicat demande que le calcul de ce prix minimum prenne en compte les coûts de production, la rémunération de l’agriculteur, mais aussi la protection sociale. Afin d’éviter un système complexe, il propose que ce tarif représente pour chaque denrée « la majorité de l’échantillon » des produits, tout en permettant de faire une distinction entre produits du même genre (lait « de montagne », « de plaine », « à l’herbe », etc.).
Comment le gouvernement a effectué un revirement sur une proposition jusque-là jugée « démagogique » ?
Cette mesure a fait l’objet de plusieurs amendements ou propositions de lois. Dernière en date, la proposition de loi de LFI « visant à lutter contre l’inflation par l’encadrement des marges des industries agroalimentaires, du raffinage et de la grande distribution et établissant un prix d’achat plancher des matières premières agricoles » a été examinée en novembre dernier à l’Assemblée nationale.
Elle prévoyait qu’un prix d’achat minimum des matières premières agricoles soit fixé tous les ans, au cours d’une négociation interprofessionnelle associant syndicats agricoles, organisations de consommateurs et organisations environnementales. Elle envisageait également un encadrement exceptionnel des marges des industries agroalimentaires pour une durée d’un an, et un mécanisme permettant de réactiver cet encadrement en cas de bénéfice important des fournisseurs de produits alimentaires.
L’intégralité des députés de la majorité présidentielle et des Républicains présents ont voté contre le texte, rejeté par 168 voix contre 162. La ministre déléguée chargée de la consommation, Olivia Grégoire, avait alors dénoncé des mesures rappelant « Cuba ou l’Union soviétique ». Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau avait aussi qualifié la proposition de LFI de « démagogique » et de « contre-productive », soulignant le risque de « concurrence déloyale des produits agricoles français » sur le marc
…. à suivre
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